Maintenant il ne me viendrait pas à l’idée de choisir une recette avec des aubergines en hiver. Ce légume comme tous les autres a retrouvé dans mon esprit sa véritable identité qui est de pousser à un moment particulier de l’année, ce qui ajoute à son charme quand je le découvre dans les bacs de l’Arbralégumes. Chouette les aubergines sont là ! Dans mon esprit de végétarienne et amateure de bonnes recettes, émergent alors les moussakas, aubergines frites à la tomates ou recettes du Moyen-Orient où l’aubergine est la vedette. Avant, où je la trouvais en permanence dans les étals du supermarché, elle était finalement ni plus ni moins qu’un produit industrialisé, un standard permanent du bac à légumes, grâce aux doses de conservateurs qui lui sont imposées pour qu’elle se tienne tranquille pendant les longs voyages où privée de la présence du soleil, elle continue son mûrissement mais dans un cursus dévitaminé et qui la privera de goût et de parfum. Ici les légumes et tous les autres produits, fromages, œufs, viandes, pain, et fruits, parcourent en moyenne un maximum de 50 km.
Voilà la véritable qualité de vie, celle de se nourrir des fruits de la nature, déterrés, cueillis à terme, emplis selon les saisons de tout ce qu’elles ont reçu de soleil et de pluie, et de soin de l’agriculteur. Ces fruits et ces légumes (et les autres produits) ont bon goût et sont bons pour la santé. Je constate qu’ils sont devenus pour moi des ingrédients de valeur. Jamais je n’en jette. Quand parfois je me trouve avec plus de navets ou de choux, je pérennise leur existence dans la saumure. Avant, il m’était fréquent d’acheter trop, en filets, et de jeter. Les fruits et les légumes des producteurs ont donc pour moi un nouveau statut qui incorpore le travail des agriculteurs et leurs efforts face aux aléas de nos saisons de plus en plus déréglées qui font que parfois il y a trop ou pas assez de soleil ou de pluie.
Il peut arriver que plusieurs fois d’affilée les mêmes légumes constituent les paniers, hé oui, c’est la nature. Ça m’a fait gagner en créativité culinaire. Je suis prête à cet effort pour conserver mon partenariat avec ce groupe de producteurs. J’ai besoin d’eux, parce que l’alimentation de qualité, sans pesticide, sans conservateur, participe en bonne place à mon bien-être et eux, ont besoin de mon engagement à me servir régulièrement chez eux pour continuer leur exploitation. Dans ce cadre, un abonnement de 6 mois me semble tout à fait justifié. C’est comme un contrat cordial entre nous ; ce mode de fonctionnement basé sur un échange humain est pour moi un modèle de production et de consommation.
Côté pratique, le rendez-vous hebdomadaire me convient très bien. Il y a plusieurs lieux de distributions à 10 min de chez moi. Quand je suis absente, il y a un système de joker ou la possibilité d’un double panier. Bénévoles et producteurs participent à la distribution et font connaître leurs produits qu’ils diversifient autant qu’ils peuvent.
Il est certain que le rôle d’interface d’une association est nécessaire pour organiser, peser, distribuer, stocker, enregistrer les réalités des uns et des autres. Quatre salariés se répartissent les tâches et transmettent les offres et les demandes. Il y a un équilibre souhaitable pour qu’il n’y ait ni trop, ni trop peu de consommateurs, pour que les prix soient ni trop élevés pour les clients, ni trop bas pour les producteurs. Cet équilibrage nécessaire est un rôle pour les bénévoles : des actions à mener pour en informer, des initiatives pour favoriser les rencontres afin que les contraintes et les besoins des uns et des autres soient mieux connus de tous.
Pour conclure voici un beau système, écologique sur toute la ligne et respectueux de tous dont nous sommes aussi, tous invités à prendre soin.
Christine Godreau
le 11/01/2022